Dès la fin du XVIIe siècle, les théâtres de la foire sont vus comme mineurs par rapport aux institutions théâtrales qui possèdent un monopole artistique (Comédie- Française et l’Opéra). Or, l’historiographie a fait prédominer un seul d’entre eux, l’Opéra-Comique, au détriment de l’étude des formes et de genres dramatiques qui se sont développés au départ sous la contrainte : monologue, marionnettes, écriteaux, pièce en jargon, pantomime… Il s’agit de comprendre comment l’hybridité de ces formes et le contexte coercitif dans lequel elles se sont développées ont conduit à leur intégration au sein d’une histoire qui fait d’elles des formes minoritaires. En effet, cette histoire n’est pas la leur, mais bien celle de l’opéra-comique, forme inventée par les forains qui domine l’historiographie car elle offre la satisfaction d’être stable et d’avoir gagné une officialité à travers la création du théâtre de l’Opéra-Comique en 1714-1715. Les formes comme les théâtres qui le précèdent, l’entourent et le suivent en deviennent les simples satellites. Une telle conception naît au XVIIIe siècle sous la plume de Le Sage et d’Orneval et son incidence est encore palpable : on masque l’histoire propre de chaque forme en la liant uniquement à un contexte et on passe ainsi sous silence l’évolution de certains genres dramatiques comme c’est le cas de la pastorale, genre qui subsiste à la foire sous des formes éloignées de sa tradition classique.