Le théâtre jeunesse fait la part belle au merveilleux même si aux yeux des artistes, celui-ci a pu être perçu historiquement comme une facilité dramaturgique et stylistique déclinant une esthétique de la niaiserie. Pour essayer de maîtriser une catégorie littéraire polysémique, cet ouvrage revisite dans une première partie la généalogie de la notion de merveilleux à partir d’Aristote, puis au fil de l’histoire du théâtre en le confrontant aux différentes notions avec lesquelles il a pu être confondu, comme le fabuleux ou le fantastique. Dans une seconde partie consacrée aux auteurs et autrices jeunesse contemporains, le merveilleux, même miné par le réel, réapparaît sous des formes nouvelles, parfois fragiles mais toujours nécessaires, jusqu’à devenir une notion cosmique propre dans un univers de simulations à faire rêver consciemment et à éblouir les artistes et les spectateurs.
L’ouvrage démontre que le merveilleux, toujours décrié au fil des siècles ou suspect de mercantilisme, peut sans cesse être revivifié par la création et l’exploration de nouvelles fictions. À terme, le merveilleux est réhabilité comme une notion anthropologique, voire une capacité a priori du cerveau humain à théâtraliser le réel et la réalité. À cette question, "est-il possible de congédier le merveilleux ?", l’ouvrage répond par la négative en exhaussant sa théâtralité à la taille d’une nécessité vitale.