Corps, Espace et féminité dans Rêves de femmes de Fatéma Mernissi - Article 6
ISBN : 978-2-86781-981-0
Nombre de pages : 13
Format : 16 x 24
Date de sortie : 2016/06
Rêves de femmes de Fatima Mernissi est l’histoire d’un corps féminin qui semble subir toutes les formes d’oppression et d’asservissement imposées injustement par la société fassie des années quarante
Rêves de femmes de Fatima Mernissi est l’histoire d’un corps féminin qui semble subir toutes les formes d’oppression et d’asservissement imposées injustement par la société fassie des années quarante. Assigné à résidence et condamné à un dressage coercitif imposé tantôt par une religion conservatrice, tantôt par une société patriarcale, le corps de la femme est réifié, érigé en simple marchandise conçue pour répondre aux caprices bestiaux de son possesseur : l’homme. Enfermé dans l’exiguïté du harem, isolé du regard étranger par des frontières infranchissables, le corps de la femme semble en butte à une éducation qui, en lui retirant sa liberté et sa spontanéité, le condamne à l’inertie, à une passivité qui tue la féminité de la femme qu’elle soit épouse, soeur ou simple fi lle. Le harem constitue dans cette perspective le théâtre où s’acquiert une culture somatique conçue par atavisme et basée essentiellement sur l’obéissance et la servilité. Socialisé de la sorte, le corps de la femme cherche pourtant une issue pour donner corps à ses rêves et aspirations qui, quant à eux, ne peuvent avoir de limites. Sa servitude n’est pas un état immuable, mais plutôt un catalyseur pour pousser la femme à prêcher son émancipation. À l’image des Mille et une nuits, Yasmina et les autres odalisques se racontent les plus belles histoires, se livrent aux jeux les plus anodins afi n de garantir son tonus et sa célérité à un corps méprisé. Elles seraient, comme le souhaitait de son vivant Sophocle, « esclaves de corps [mais] libres d’esprit ».