Lorsque l’on personnifie, en réunissant, en fusionnant et en mettant en parallèle, ces figures, et notamment celles de "Chouk" et "Ri" (="Choukri"), dans L’homme du pain nu, une silhouette impromptue s’invite sur scène, tel un "mirage" ou un "rêve", qui ne cesse d’apparaître et de disparaître, chaque fois que le/les deux personnage(s) s’affronte(nt) ou se sépare(nt). Cet autre personnage qui s’invite, ou que nous impose le dramaturge de façon dérobée, se situe entre la veille et le sommeil, ou/et dans la distance qui nous sépare du leurre. Ben Bouchta nous accompagne, nous lecteurs comme spectateurs, "dans une sorte de cache-cache entre le rêve et la réalité". Ce "mirage" ou "rêve", qui se donne à voir tout en restant dans l’ombre, s’impose comme l’accomplissement de deux entités opposées qui n’en font qu’une - Abdellatif Idrissi.
Lauréat de plusieurs prix, notamment celui de l’Union des Écrivains du Maroc en 1992 à Rabat et celui du Festival National du Théâtre Professionnel en 2004 et 2008 à Meknès, Zoubeir BEN BOUCHTA est considéré aujourd’hui comme l’un des dramaturges les plus importants de la scène théâtrale marocaine et arabe. Il a à son actif une dizaine de pièces dont certaines ont été traduites en anglais comme The red fire (2008) et Shakespeare Lane (2008) et en français, comme Pieds blancs (2013) et Lalla J’mila (2017). Il est a également directeur de la troupe de théâtre Bab Bhâr Ciné Masrah qu’il a créé en 2005à Tanger.