La tâche du deuil ? « Maintenir vivant comme objet perdu » celui ou celle que nous avons perdu. C'est-à-dire : ne pas fantasmer son improbable survie, sans céder non plus à l'effacement de l'oubli, cette deuxième mort symbolique, presque plus terrible que la première réelle. Est-ce cela que la littérature nous permet, ou plus modestement nous promet ? Une reconnaissance et une conversion de la perte, qui composerait avec la dimension mélancolique en y échappant ? L'objet de ce livre est plutôt de laisser résonner cette question, d'en suivre le trajet sur deux siècles et dans certaines œuvres majeures de la modernité. De nouer des fils, d'ouvrir des pistes, de mettre en écho du début du XIXe siècle jusqu'à des textes tout à fait contemporains cette problématique union, cette tension constitutive entre deuil et écriture. Pour être fidèles à ce qui pourrait être la définition même de la littérature : l'incessant dialogue entre les vivants et les morts.