La dépendance liée à l’âge et au vieillissement est une question sociale résolument inscrite à l’agenda politique des pays développés. Souvent rabattue sur le problème du financement, elle constitue toutefois un défi majeur pour l’avenir de la protection sociale. Elle invite en effet à un véritable renouvellement de l’État social, des formes et normes de l’action publique. S’ouvre dès lors un vaste champ de questionnement, d’analyses et de réflexions pour les sciences humaines et sociales. Conceptualiser la dépendance, terme sujet à caution hérité, en France, de l’approche gérontologique, constitue un travail en soi. L’action publique, la législation et les pratiques sociales se structurent à partir de catégories de pensée qu’il convient d’appréhender de manière critique. Les auteurs de cet ouvrage collectif qui fait dialoguer la philosophie, le droit, la sociologie, la science politique et l’économie s’y sont employés, interrogeant notamment les notions de vulnérabilité, de fragilité, de « capabilités » aujourd’hui en vogue dans les sciences sociales. Sont aussi passés au crible, comparés, évalués divers dispositifs dédiés à la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Les enjeux sont de taille, car il s’agit, ni plus ni moins, de placer la personne au centre de l’action sociale, lui reconnaître son autonomie juridique, sa dignité, mais aussi de prendre en considération le rôle de l’entourage — les fameux « aidants » — et, finalement, de réorganiser les solidarités.