« Je voudrais commencer par exprimer ma joie de prononcer, devant vous, le discours d’inauguration de l’année universitaire, et par dire que je me sens honorée d’assumer ce rite symbolique. Quand on m’a proposé de choisir un thème, la question de la traduction comme espace de tension et d’innovation dans les littératures francophone et arabophone des pays du Maghreb et du Machreq s’est imposée à mes yeux comme une évidence, je dirais même une urgence. La part de l’étranger, éprouvée sur le plan linguistique, géographique et culturel, constitue bien plus qu’un objet scientifique pour l’enseignante-chercheuse que je suis. Elle définit ma situation existentielle tout entière depuis ma découverte de la langue française, à l’école primaire de Chorbane, en Tunisie, jusqu’à mon arrivée en France en tant qu’étudiante étrangère, j’allais dire en tant que migrante, sans oublier la Nouvelle-Calédonie où j’ai vécu ces dernières années. Fidèle à son histoire d’hospitalité, l’université a accepté d’accueillir ce sujet autour de la traduction comme expérience des limites dans les écritures du monde arabe. »