L’existence d’un lien entre emploi et protection sociale ne relève, en réalité, de l’évidence que dans quelques pays ou régions du monde. C’est le cas en Europe où la nature des relations entretenues est aujourd’hui discutée. À une époque où l’on prône la modernisation du « vieux droit du travail » comme de « l’archaïque protection sociale », il n’est pas étonnant de voir dénoncer les effets de cette dernière sur l’emploi. Il ne s’agit pas toujours de procès d’intention ou de volonté assumée de déconstruction. Le lien historique entre emploi et protection sociale – lorsqu’il existe –, apparaît en effet toujours fort mais instable, résistant mais fragilisé.
L’internationalisation des échanges, les mutations de l’emploi et les difficultés de financement de la protection sociale ne plaident pas pour une relation automatique et invariable. Si l’emploi salarié reste un « ticket d’accès » à la protection sociale, celle-ci paraît parfois utilisée pour répondre aux questions d’emploi. Face au développement du « précariat » et des exigences de mobilité professionnelle, de nouvelles relations peuvent ainsi viser à organiser de meilleures sécurités sociales. C’est toute la thématique de la « flexisécurité ». La mise en discussion du lien peut aussi recouvrir une volonté d’en terminer avec des formes de solidarité collectives, et de laisser l’individu libre de ses choix de protection sociale, s’il en a les moyens. Enfin, derrière tels ou tels dispositifs juridiques supposés incarner de nouvelles relations entre emploi et protection sociale, certains s’inquiéteront d’une ombre, celle de la décomposition accélérée du statut salarial et, avec elle, de la perte des éléments de sécurité juridique et sociale qu’apporte ce dernier, quoi qu’on puisse en dire …
Philippe Auvergnon est directeur de recherche au CNRS, directeur du Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale, Unité mixte de recherche CNRS – Université Montesquieu-Bordeaux IV.
L’internationalisation des échanges, les mutations de l’emploi et les difficultés de financement de la protection sociale ne plaident pas pour une relation automatique et invariable. Si l’emploi salarié reste un « ticket d’accès » à la protection sociale, celle-ci paraît parfois utilisée pour répondre aux questions d’emploi. Face au développement du « précariat » et des exigences de mobilité professionnelle, de nouvelles relations peuvent ainsi viser à organiser de meilleures sécurités sociales. C’est toute la thématique de la « flexisécurité ». La mise en discussion du lien peut aussi recouvrir une volonté d’en terminer avec des formes de solidarité collectives, et de laisser l’individu libre de ses choix de protection sociale, s’il en a les moyens. Enfin, derrière tels ou tels dispositifs juridiques supposés incarner de nouvelles relations entre emploi et protection sociale, certains s’inquiéteront d’une ombre, celle de la décomposition accélérée du statut salarial et, avec elle, de la perte des éléments de sécurité juridique et sociale qu’apporte ce dernier, quoi qu’on puisse en dire …
Philippe Auvergnon est directeur de recherche au CNRS, directeur du Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale, Unité mixte de recherche CNRS – Université Montesquieu-Bordeaux IV.