L’histoire de la tapisserie s’est concentrée d’une part sur les grands ensembles tissés et leurs propriétaires successifs et d’autre part les lieux de production, ce qui a entraîné la création de modèles historiques impliquant une hiérarchie, une idée d’expansion, de rayonnement d’un art national, tels que la primauté des ateliers bruxellois au XVIe siècle et l’excellence de la manufacture des Gobelins au XVIIIe. Les études relatives au métier de tapissier, à la production et à l’organisation du commerce ont été délaissées, hormis au début de la IIIe République, dans un contexte favorable aux métiers et aux ouvriers (construction d’un siège des juridictions commerciales et ouvrières, création d’écoles municipales d’apprentissage et initiatives privées, construction de bourses du travail et projet d’institutions de prévoyance). L’exposition universelle de 1878 a révélé la vitalité des métiers. Le mot tapissier désigne plusieurs activités et corps de métiers : un tapissier est tantôt un ouvrier qui garnit des sièges et qui tend des tentures de toutes sortes dans les demeures, tantôt un marchand impliqué dans le négoce de tapisseries, de tapis, de textiles et de divers meubles, tantôt encore un fabricant de tapisseries et d’autres tissus d’ameublement. Ceci entraîne des ambiguïtés, des confusions qu’il convient de clarifier en revenant sur la définition de ces métiers, sur leur organisation et leur production, en abordant des questions de lexicographie, de hiérarchie, d’estimation de leur importance en nombre d’ouvriers, en volume et en qualité de production.