Cet ouvrage présente – à partir de témoignages, de relations de voyage, de journaux de combattants – un pan de l’histoire sociale et culturelle à l’époque des Lumières. Les lieux où éclatèrent des conflits durant tout le xviiie siècle constellant la carte européenne, les touristes qui, tout comme les émigrés, les diplomates, les officiers, traversaient des régions de France, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, d’Autriche, de Tartarie, d’Espagne, ont établi des liens entre la culture des voyages et le contexte de la paix ou de la guerre. Leur perception individuelle, au quotidien, de ces temps d’affrontements eut des incidences sur leur conception de la société, des crises de l’État et du rôle du prince. Cette mobilité des personnes suscita le réexamen de la relation à la collectivité, de l’image de l’autre, du recours à la violence. Critiquant les stratégies dynastiques génératrices de guerres et préconisant le développement de la sphère publique comme facteur d’équilibre, ces voyageurs contribuèrent à entretenir la mémoire et à susciter des pèlerinages séculiers sur les anciens champs de bataille