Peu de pays ont connu une histoire aussi conflictuelle que la France et l’Allemagne. Aussi la réconciliation fut-elle longue et difficile. Pourtant, les anciens « ennemis héréditaires » sont si bien parvenus à surmonter le passé que leur « modèle » de réconciliation est aujourd’hui étudié et envié partout dans le monde. Gilbert Ziebura retrace l’histoire de ce processus, de Potsdam (1945) à Maastricht (1992), en analysant le rôle des différents « couples » emblématiques qui se sont succédé au cours de cette période : Adenauer-Schuman, de Gaulle-Adenauer, Schmidt-Giscard d’Estaing et Mitterrand-Kohl. Il démontre que la réconciliation n’est jamais allée de soi, qu’elle a été le fruit de compromis permanents et de la volonté de dépasser les clivages d’autrefois, mais qu’elle s’est aussi inscrite dans un contexte international marqué par la guerre froide et la construction européenne qui ne laissait d’autre choix aux Français et aux Allemands que de s’entendre. Il met en lumière les divergences d’intérêts qui se cachaient derrière le discours de l’amitié, divergences qui ont toujours existé et qui n’ont pas disparu aujourd’hui, alors que l’Union européenne traverse la crise la plus grave depuis sa création. G. Ziebura analyse la relation franco-allemande dans sa dimension européenne et transatlantique, mais aussi dans sa dimension politique, économique et sociale – condition indispensable pour comprendre les enjeux actuels de la relation entre Paris et Berlin.