Israël-Palestine, plus de soixante ans de combats, et autant d’années que les historiens se penchent sur les racines d’un conflit qui assume de plus en plus une dimension quasiment mondiale. Revenant aux sources de cette situation, le présent ouvrage se propose d’étudier les origines idéologiques de l’intervention européenne dans les affaires du Proche-Orient avant et pendant la Première Guerre mondiale. Prenant le parti d’une analyse à la fois théorique et historique, ce travail démonte les mécanismes des prises de position agressives de la Grande-Bretagne vis-à -vis du monde arabo-musulman, et plus particulièrement de la Palestine. Comment en effet un territoire quin’intéressait alors pratiquement personne, et qui n’avait même pas de définition géographique officielle, en vint-il en une petite quinzaine d’années à être envisagé comme un « Etat imaginé » d’où l’Europe pourrait rayonner sur l’Orient ? Cette question si obsédante pour bon nombre d’intellectuels contemporains trouve une réponse partielle dans la confrontation des théories géopolitiques américaines et britanniques des années 1900 avec la pratique des fonctionnaires de l’Empire britannique. Basé essentiellement sur des documents d’archives non-publiés issus du Foreign Office ainsi que de notes et de rapports gouvernementaux et parlementaires privés, cette étude démontre qu’entre 1900 et 1918, les Européens, et plus particulièrement les Britanniques, mirent à exécution bon nombre de théories développées par les premiers géopoliticiens anglo-saxons sur la « stabilisation » politique et économique du Proche-Orient. Cet ouvrage démontre ainsi que le remodelage de tout le Proche-Orient lors de la Première Guerre mondiale réalisait un projet géopolitique et stratégique américano-britannique prévu de longue date.