Je suis amené régulièrement, pour des élèves ou des étudiants, à expliquer ce qu’est, pour moi, la mise en scène. Après avoir insisté en préambule sur le principe que tout ce que j’évoquerai ne sera pas la vérité mais une conception personnelle, née de l’expérience, j’utilise souvent l’image de la traduction, de la transformation d’une langue en une autre. Mettre en scène, s’agissant d’un texte préexistant, serait en quelque sorte faire acte de traducteur, passant de la langue littéraire du livret à un langage constitué d’éléments divers comme les corps, les sons, la parole, la lumière, les couleurs, les volumes et les espaces, articulés entre eux, combinés en système, afin de produire cet assemblage symbolique que sera le spectacle, cet objet autonome, créé pour communiquer, transmettre des signes, images, et émotions, et dont la qualité première, quelle que soit l’esthétique du metteur en scène, devra être la cohérence.
Jean-Luc OLLIVIER
Metteur en scène et scénographe, après une période d’exploration de textes presque exclusivement contemporains (pinter, Müller, Havel…), s’oriente à partir du spectacle La Couleur de l’Homme qui file (1995) vers des créations plus inclassables entremêlant théâtre, danse et arts plastiques. Les scénographies deviennent fondatrices de l’œuvre qui se crée. La démarche du metteur en scène rejoint celle d’un auteur-concepteur travaillant la matière même du plateau. Les spectacles ne sont plus pensés comme des schémas narratifs mais comme des structures poétiques, au croisement des champs artistiques. Depuis 2008, il a opéré un retour aux textes avec La Confession d’Abraham de Mohamed Kacimi et le Quartett de Heiner Müller. En parallèle à ses activités de metteur en scène, Jean-Luc Ollivier assure, depuis 1989, le suivi des classes théâtre du lycée Montesquieu. Intervenant à l’université, département « arts du spectacle » depuis 2006. La prochaine création, Ce nuage à côté de toi de Florence Vanoli, sera présentée en automne 2013.