Dans cet article, je chercherai à poursuivre ma réflexion sur la palabre, en particulier pour ce qui touche à son rôle essentiel dans la dimension rituelle de la persuasion, ainsi qu’aux problèmes théoriques que pose sa mise en œuvre dans les institutions modernes de la rhétorique. Je souhaiterais cette fois me pencher sur le cas plus précis de l’utilisation de la gacaca dans les tribunaux rwandais, en m’aidant de certaines réflexions sur l’expression des émotions auxquelles ces expériences ont donné lieu. Ceci devrait constituer une piste, je l’espère, pour mieux comprendre les difficultés d’articulation entre deux imaginaires linguistiques, rhétoriques et culturels que sont la palabre traditionnelle, d’une part, la rhétorique dans sa version moderne, d’autre part.