En 1730, une première loge maçonnique voit le jour au Bengale à Fort William, le comptoir fortifié à partir duquel opère la Compagnie anglaise des Indes orientales. Dès lors, les loges coloniales se multiplient si bien qu’en l’espace d’une décennie, la franc-maçonnerie britannique trouve un ancrage permanent sur le sous-continent indien. Sa rhétorique universaliste vise à promouvoir une véritable fraternité entre les hommes. Pourtant, les premières loges sont composées essentiellement de coloniaux et se font rapidement le relais de l’impérialisme britannique, qui postulait la supériorité naturelle du peuple colonisateur. Cette contradiction apparente entre rhétorique universaliste et participation à l’entreprise coloniale soulève un certain nombre de questions. Comment la franc-maçonnerie s’implante-t-elle et se diffuse-t-elle dans l’Inde britannique ? Accepte-t-elle d’initier les autochtones ? Quels liens entretient-elle avec l’impérialisme britannique ? Enfin, comment parvint-elle à s’accommoder des tensions générées par la contradiction entre son idéal d’universalisme et d’égalité, et son adhésion à l’impérialisme britannique ? L’Inde coloniale, de par son mode d’administration et la grande diversité de ses populations locales, constitue un terrain d’étude privilégié pour examiner les interactions entre la franc-maçonnerie et le pouvoir colonial. Cet ouvrage tente d’offrir de nouveaux éclairages sur le fonctionnement de la franc-maçonnerie tout en proposant une façon originale de penser l’impérialisme britannique, axée sur le rôle des institutions culturelles.