Une étude culturelle des concepts et des modes de représentation du monstrueux ne saurait faire abstraction des rapports étroits que celui-ci, en tant qu’altérité, entretient avec ce qui fonde l’identité : l’humain. L’interdépendance et la complémentarité de ces deux notions (aussi bien, des idées et des images qu’elles engendrent) ouvrent une perspective sur plusieurs domaines culturels : celui de l’épistèmé et des ordres discursifs, celui de la différence, mais aussi de l’analogie de phénomènes, en apparence, incompatibles, et celui, enfin, de la fascination esthétique que suscite le monstrueux au moment de son imagination et de sa manifestation, notamment dans la littérature et les arts, de l’Antiquité à l’extrême contemporain. Loin d’être de simples images de l’autre, les représentations du monstrueux nous parlent de l’humain : elles incitent
à réfléchir sur ce qui est notre essence, elles éclairent les zones d’ombre qui se cachent en nous ou dans la société et démasquent les discours humanistes bon marché. L’art et la littérature nous tendent le monstrueux comme un miroir déformant : c’est, non pas en fuyant, mais en soutenant le regard de Méduse que nous apprenons, dans la fascination et dans l’épouvante, à mieux nous connaître.
à réfléchir sur ce qui est notre essence, elles éclairent les zones d’ombre qui se cachent en nous ou dans la société et démasquent les discours humanistes bon marché. L’art et la littérature nous tendent le monstrueux comme un miroir déformant : c’est, non pas en fuyant, mais en soutenant le regard de Méduse que nous apprenons, dans la fascination et dans l’épouvante, à mieux nous connaître.