La poésie de Lorna Goodison, Jamaïcaine expatriée par choix au Canada, chante l’ancêtre africaine qui parcourt sa lignée et à qui elle doit sa couleur de peau, les rythmes et les inflexions de sa poésie, mêlées aux accents irlandais hérités de sa famille paternelle. Modèle de courage, d’affirmation de soi, cette femme des origines lui a transmis la fierté des racines, l’amour sans borne de la vie, le goût du partage, la spiritualité. La poésie l’a emporté sur les rêves de peintre, elle célèbre la résilience de la femme rebelle, vaillante, résistant à la servitude, la rudesse, la pauvreté, la trahison.
Comme pour Derek Walcott, la vie de l’imagination est aussi présente et vraie que celle de la réalité. Elle permet de courtiser l’éternité, de marier le végétal, l’animal et l’humain, de créer entre les générations un continuum mémoriel et de faire de la poésie une parole sacrée et pourtant intime, chaleureuse, sensuelle, gourmande même, qui relie aux sens, aux moments bénis de l’existence.
Prêtresse, shaman, guérisseuse, nourricière, la femme poète nous entraîne dans une initiation sensuelle et savoureuse aux plaisirs de la culture créole, aux douleurs et consolations de l’histoire, qui doit rendre leur voix aux sans-voix.