Traduire la Caraïbe, c’est traduire une culture, la pensée de l’Autre, dans une aire caractérisée par une mouvance, une fluctuation qui induisent une perpétuelle transformation. Cette réflexion sur la traduction se construit autour de l’écrivaine d’origine jamaïcaine Olive Senior, de la langue et des langues de l’archipel caribéen, représenté dans toute sa diversité linguistique : français, anglais, espagnol, « patwa », créole jamaïcain, haïtien, spanglish... Traduire s’opère tantôt vers la langue standard, tantôt vers le créole, ou d’un créole à l’autre, toujours à l’affût des jeux avec la langue. Après les théoriciens et praticiens de la traduction, la poète elle- même s’interroge sur le travail paradoxal auquel elle a dû se livrer pour traduire la langue orale à l’écrit, cette langue des gens de peu, hybride, métissée avec la langue anglaise poétique de l’Empire britannique, devenu empire des sens dans cet éveil postcolonial, à la conquête de sa liberté d’expression et d’émotions, à inventer. Après avoir suivi la genèse de l’anthologie bilingue de poèmes choisis, Un Pipiri m’a dit / A Little Bird Told Me, Olive Senior a participé à la traduction de trois poèmes du présent ouvrage, dont deux inédits.