Goût, esthétique, entre deux mots ne faut-il pas choisir le moindre ? Montesquieu ne pouvait employer le second, qui n’était pas encore acclimaté en France, mais parler de goût ne risque-t-il pas de désigner l’attrait plus que la raison, la pratique plus que la théorie, et de renvoyer à des choix personnels plus qu’à un système cohérent et réflexif ? Les deux notions sont en fait indissociables, et ce volume joue des deux points de vue pour mieux montrer comment Montesquieu, confronté à la statuaire, à la peinture, à l’architecture, à la musique, à la littérature antique et moderne, forme un jugement personnel et puissamment original. Son écriture même, tout en s’identifiant à la démarche philosophique, se fait attentive au plaisir du lecteur, sensible et dialectique à la fois, tant il est difficile que chez lui la pensée existe sans ce rapport à autrui et à soi. Ainsi se constitue une esthétique multiple et cohérente, véritable mode d’appréhension du monde, qui pour prendre toute son ampleur doit être replacée dans un contexte intellectuel qu’elle dépasse constamment.
De Michel-Ange à Burke, d’Homère au Bernin, des « pouvoirs de l’âme » à l’économie de la pensée, des Voyages à l’Essai sur le goût, en passant par L’Esprit des lois, les Pensées, les Lettres persanes et le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, l’œuvre entière de Montesquieu, ainsi parcourue et éclairée, apparaît comme le foyer de réflexion de tout un siècle.
De Michel-Ange à Burke, d’Homère au Bernin, des « pouvoirs de l’âme » à l’économie de la pensée, des Voyages à l’Essai sur le goût, en passant par L’Esprit des lois, les Pensées, les Lettres persanes et le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, l’œuvre entière de Montesquieu, ainsi parcourue et éclairée, apparaît comme le foyer de réflexion de tout un siècle.