Cette contribution prend la forme d’un compte rendu d’expérience et d’une mise en perspective de l’usage du témoignage comme outil d’écriture et de transmission à partir d’un dispositif de recherche appliquée portant sur la figure du spectateur ayant donné lieu à une pièce, Le Regard du Spectateur. L’article rend compte de ce travail réalisé avec des étudiants de Licence 1 de l’Université Montpellier III à partir d’Einstein on the Beach de Bob Wilson, dont la première mondiale de la reprise avait lieu en mars 2012 à Montpellier. Prolongement à l’enquête menée par la revue Agôn autour des souvenirs des spectateurs de la première en 1976 en Avignon ainsi que de ses différentes reprises, cet atelier de transmission revient sur l’interrogation initiale, qui a présidé à la constitution de cette recherche : A qui s’adresse la reprise ? Moins pour répondre que pour continuer à déplier patiemment cette question, l’atelier reposait sur cette parole du témoin, expérience singulière du spectateur, manière de chercher à savoir ce que le théâtre peut nous apprendre sur le théâtre et sur le spectateur. Le témoignage est-il un bon outil de transmission ? Et si oui, que transmet-il ? Cet article reprend les différents temps qui composent le Regard du Spectateur et revient sur les enjeux artistiques, pédagogiques et théoriques d’un travail centré sur la mémoire d’un spectacle déplié et mis en forme à travers les outils du théâtre.