Culture rastafari à Cuba. Auto-censure et rédemption : le cas de Lester Mc Collin Springer

Les années soixante-dix à Cuba ont été le moment de l’émergence ou de la résurgence de certaines religions comme celles que l’on connaît sous le qualificatif d’afro-cubaines : santería, palo monte, et la culture des rastafaris à Santiago de Cuba, la communauté des rastafaris de El Cobre prouve l’émergence de ceux-ci en tant que groupe dans les années 1977-79. Nous étudierons ce mouvement à Cuba dans sa perspective culturelle : l’héritage africain est assumé comme base ainsi que le mélange qu’offre l’expérience caraïbe (historique, sociale, religieuse et économique) avec la pensée judéo-chrétienne. Le peintre Lester Mc Collin, originaire de Las Tunas, reflète dans son oeuvre ce passage de l’auto-censure à la rédemption à travers une culture marginale à Cuba qu’il revendique : la culture rastafari. Il se sert de l’autoreprésentation et utilise son image comme espace de débat où concourent et se croisent les complexités de sa vision de rastafari et son authenticité d’homme noir cubain. Le fait d’être né rasta aiguise sa vision des problèmes sociaux au travers d’une esthétique de la négritude. Il a recours à l’histoire afin de revaloriser des cultures que l’on pourrait appeler périphériques. Sa dénonciation d’une culture saccagée où se sont imposées les valeurs culturelles européennes s’exprime à travers une symphonie du silence et de la souffrance. Ceci est perçu grâce aux attitudes retenues (yeux fermés), à la sensibilité et à l’ironie d’un sourire ébauché, ainsi qu’à l’harmonie des accords venus de la nature et de la musique reggae qui habitent ces personnages. La poétique de Lester est celle de la résistance, mais aussi celle de l’intégration et de la construction d’une nation souveraine, multiculturelle, où la différence doit trouver pleinement son espace.