Le XIXe siècle a été caractérisé par la prolifération d’explorations scientifiques de toutes sortes qui, vers la fin de ce dernier, s’inscrivaient dans la lignée du progrès expérimenté par les jeunes nations sud-américaines. Les voyages dans le territoire des anciennes missions jésuites du naturaliste argentin Juan Bautista Ambrosetti eurent ainsi pour but non seulement une description de la flore et de la faune locales, mais surtout la contribution au développement économique de la région. Les données recueillies par Ambrosetti dans son carnet de voyage nous permettent, de ce fait, de mesurer l’importance des fleuves dans la région dite de « Misiones ». Le fleuve Paraná est l’espace de rencontre de trois pays, l’Argentine, le Paraguay et le Brésil, où le peuple guarani dut tisser des liens avec les nouveaux colons européens, qui venaient s’installer dans la région, incités par les diverses politiques locales de promotion du territoire. Deux concepts clés guideront la réflexion sur l’expérience de la navigation dans les voyages d’Ambrosetti : l’idée de progrès technique de pair avec celle de développement économique, et la problématique des yerbales – élément clé de l’économie régionale – comme facteur de constitution d’un espace fluvial transfrontalier.