Contraint à comparaître devant la justice pour les délits de « faux témoignage et de calomnie », le citoyen colombien Javier Giraldo répond par un refus irrévocable, qu’il assortit d’un témoignage constituant son « objection de conscience ». Le texte de l’objection de conscience qui fut rendu public sur la page de CINEP est de 40 pages au total, 38 d’entre elles consacrées à la justification et 2 pages d’annexes. Cette objection de conscience se caractérise par une particularité sans précédent dans la tradition du genre: elle met en question l’exercice de la justice colombienne tout entière. L’argumentation narrative du père Giraldo est fondée sur une dénonciation synthétique des différentes modalités utilisées par les fonctionnaires du gouvernement afin de manipuler les témoignages. Nous analyserons le genre « objection de conscience » dans une perspective discursive selon une approche théorique fondée sur les apports de la théorie de l’argumentation, la sociologie des champs et la sémiotique narrative.