En prenant conscience d'elle-même, la modernité conçue en tant qu'époque s'est pensée en termes de ruptures. Ruptures avec le passé, avec la tradition, voire avec une certaine enfance ou adolescence de l'humanité. Les désillusions de notre siècle ne doivent pas faire oublier la force de l'idéologie de la "perfectibilité", comme on disait sous Louis-Philippe, ou du "progrès", comme on prit l'habitude de dire dans la seconde moitié du siècle — un temps où l'innovation technique, l'essor de la grande métallurgie, les triomphants débuts de la chimie organique et l'accumulation croissante des capitaux et du savoir conduisaient à l'optimisme.