Luigi Delia, dans « Justice des Lumières et guillotine : un problème philosophique », revient sur la querelle autour de la peine de mort dans la France d’Ancien Régime, et tout particulièrement sur le projet de réforme de Guillotin, articulant la conservation de la peine de mort à l’idée que l’usage d’un appareil mécanique pour son exécution favorise le processus de démocratisation, d’humanisation et de laïcisation du système pénal. Sans chercher à relier directement philosophie des Lumières et guillotine dans une relation instrumentale de cause à effet, la question des rapports entre les deux phénomènes est posée : en quoi la guillotine est tributaire de la culture juridique des Philosophes ? Tout à la fois machine judiciaire pensée pour faire mourir sans faire souffrir et machine politique ayant le pouvoir d’intimider le peuple, la guillotine constitue l’une des premières manifestations de la dialectique des Lumières, entre rationalisme utilitaire et attentes d’égalité, laïcité et humanité.
In “Justice during the Enlightenment and the Guillotine : a Philosophical Problem”, Luigi Delia reconsiders the dispute over capital punishment in the France of the Ancien Regime, and especially Guillotin’s proposed reform, linking the maintenance of the death penalty to the idea that the use of a mechanical device for its implementation works in favour of a more democratic, secular and humane penal system. Without attempting to establish a direct connection be- tween the Enlightenment and the guillotine in an instrumental relationship of cause and effect, Luigi Delia raises the question of how the two phenomena are interrelated : in what way is the guillotine dependent on the legal culture of the Philosophers ? Devised both as a judicial machine to cause death without suffering and a political machine with the power to intimidate the people, the guillotine was one of the first manifestations of the dialectic of the Enlightenment, be- tween utilitarian rationalism and hopes of equality, secularism and humanity.
