Kevin Ladd examine dans « Penser la peine dans la souveraineté et dans l’époque. Situation de l’argumentation abolitionniste dans Des Délits et des Peines de Cesare Beccaria », la façon dont s’articulent les différentes stratégies argumentatives que déploie Beccaria en faveur de la modération pénale. L’auteur de Des Délits et des peines interroge conjointement les limites de la souveraineté et celles de sa propre époque, en s’appuyant sur une conception nuancée du progrès. Kevin Ladd s’efforce en outre de montrer que Beccaria accorde toute son attention à la dimension morale de l’acte punitif, qui est bien loin d’être redevable de la seule analyse conséquentialiste. Penser la peine signifie certes s’interroger sur son efficacité, mais également prendre la mesure de sa signification politique et juridique, et mettre en question sa valeur morale. Pour cet ensemble de raisons, la « peine » de mort ne saurait être pensée comme peine.
Kevin Ladd, in « Conceiving of punishment within sovereignty and era. Situation of the abolitionist argumentation in Cesare Beccaria’s On crimes and punishments », examines how the various argumentative strategies laid out by Beccaria in favour of the moderation of criminal law are structured. The author of On crimes and punishments questions both the limits of sovereignty and that of his own era, by drawing on a qualified conception of progress. Besides, the article tends to demonstrate how Beccaria focuses his attention on the moral dimension of punishment, which can hardly be accounted for on consequentialist grounds only. Considering punishment admittedly involves wondering about its efficiency, but also assessing its political and legal meanings, as well as questioning its moral value. For all these rea- sons, the death “penalty” ought not to be considered as potential punishment.