Deux recueils de nouvelles de science-fiction de l’écrivaine argentine Angélica Gorodischer – Kalpa imperial (1983-1984) et Las Repúblicas (1991) – proposent une composition anamorphotique du contexte politique, autrement dit, une image dans laquelle coexistent deux perspectives, l’une dominante mais rendue presque incompréhensible, l’autre dominée mais néanmoins génératrice du point de vue pourvoyeur de sens. La réflexion sur la violence que ces anamorphoses engagent est analysée suivant deux orientations : en premier lieu sont examinées les structures narratives de ces récits dystopiques qui interrogent les rapports entre la violence du pouvoir et la construction du sens. Ensuite il s’agit de montrer comment ces anamorphoses provoquent – dans les constructions utopiques qu’elles engendrent – une subversion des paradigmes et des catégories cognitives élémentaires, fondés sur la différence des sexes en tant que naturalisation des hiérarchies sociales.