Les guarattelle de la page à la scène. La reconnaissance de leur valeur artistique entre histoire, ethnographie et critique - Article 7

Les marionnettistes à gaine napolitaines sont restés dans l’anonymat pendant des siècles de jeu sans rêver une place dans les théâtres ou dans les livres d’histoire. Aujourd’hui, cet art a abandonné la rue, a rejoint les théâtres et plusieurs études ont été consacrées à ce sujet. Pourtant un des principaux guarattellari napolitains contemporains dénonce le manque d’études sur les guarattelle contemporaines : les experts se seraient intéressés exclusivement à la tradition passée, désormais disparue, et non aux évolutions qu’elle a connu dans les trente dernières années. Cette critique conduit à se demander si les textes consacrés aux guarattelle peuvent être suffisants pour redonner une place à cet art dans l’histoire du théâtre.
Afin de répondre à cette question, une analyse attentive des études sur les guarattelle s’impose. Une telle analyse dévoilera trois moments principaux : les premières études inscrites dans l’intérêt romantique pour l’art populaire, les recueils de témoignages au moment où la tradition commence une nouvelle vie, et les études les plus récentes qui tendent à cristalliser l’art dans la mémoire de son passé. Une fois parcourue l’histoire des études consacrées aux guarattelle, on rappellera la transformation que la production
actuelle a apporté à la tradition afin de comprendre quelle est et quelle devrait être la place des spectacles contemporains dans le processus de reconnaissance. Ce travail montre que pour concevoir les guarattelle comme forme de théâtre à part entière il faut porter sur elles un regard qui unit l’histoire, l’ethnographie et la critique.